Propagande blanche, noire ou grise[modifier | modifier le code]
Pour les militaires, la propagande peut être classée selon sa source :
- la « propagande blanche » se réfère à une source d'information ouvertement identifiée ;
- la « propagande noire » se réfère à une source d'information opérant sous une fausse identité ;
- la « propagande grise » se réfère à une source d'information intentionnellement occultée, alors que son identité peut être inférée.
La propagande noire est une propagande qui provient d'une source en apparence amicale, mais en réalité hostile.
Durant la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]
Par exemple, entre 1941 et 1945, les soldats allemands pouvaient écouter de la musique et des informations de deux stations de radio diffusant en allemand, Radio-Atlantik et Soldatensender Calais. Elles diffusaient aussi des renseignements sur les rues des villes allemandes bombardées et beaucoup de renseignements pratiques pour les soldats. En réalité, ces stations émettaient depuis la banlieue de Londres et glissaient, de temps à autre, une information fausse au milieu des vraies informations souvent diffusées, elles, avant la radio officielle allemande1.
Depuis sa naissance (en 1925), qu’elle soit clandestine ou officielle, la radio a toujours été un vecteur de propagande extrêmement efficace au service de leaders politiques, davantage encore lorsqu’ils sont charismatiques (Dorna, 1998). Les fondements et les arguments admis depuis son étude restent les mêmes ; nous retrouvons toujours les effets de sa puissance affective et émotionnelle. Beaucoup d’auteurs ayant étudié les médias de masse partagent l’avis que la radio peut « gagner les cœurs et les esprits » de l’auditoire et en faire une cible.
4Dès 1930, la radio est devenue un objet d’étude et de recherches du domaine de la psychologie sociale, notamment américaine. Qui aurait considéré, à cette époque, comme du bon sens, les affirmations d’auteurs (scientifiques et juristes…) posant le problème des droits et des responsabilités des sociétés de diffusion comme délicat (cas de la propagande) et prônant le contrôle des entreprises commerciales de diffusion hertzienne (manifestation de la censure). Toutefois, ils s’accordent pour penser que la conception de la radio devant être compatible avec une vision « humaniste », celle-ci devait être aussi démocratique, aussi universelle et aussi gratuite que l’éther. Doux rêve ou manière habile de financer des recherches complémentaires en laissant entendre (à juste titre ?) que la radio est par excellence un outil de contrôle des foules.
Ce n’est pas sans arrière-pensée qu’en 1937, la fondation Rockfeller alloue une bourse à l’Université de Princeton dans le but d’étudier l’influence de la radio sur différents groupes d’auditeurs nord-américains. Une équipe de chercheurs bien connus est alors constituée : Paul Lazarsfeld sera directeur et il disposera de deux directeurs associés, Frank Stanton et Hadley Cantril.
7Rappelons qu’à cette époque, 100 000 personnes sont employées par l’industrie de la radio, 78 millions d’Américains sont des auditeurs réguliers et plus de 20 millions d’entre eux écoutent simultanément la radio. Ajoutons enfin, que la radio, en véritable phénomène social, équipe en 1933, 21 455 799 foyers américains. Le 20 décembre 1938, le New York Times annonce qu’un groupe de chercheurs de l’Université de Princeton va « s’embarquer dans une étude des effets de la récente émission d’Orson Welles sur une invasion de Mars ». D’après leur estimation, 6 millions de personnes auraient écouté cette émission : 25 % de l’auditoire a pensé que l’événement était bien réel, le reste de l’auditoire a majoritairement pensé que ce n’était pas une invasion de Mars, mais plutôt celle des Allemands.
aut aussi dire qu’à l’heure de la Deuxième Guerre mondiale, d’autres chercheurs en psychologie se posent les mêmes questions quant à l’influence de la radio, notamment en URSS. Rappelons qu’en matière de propagande, les communistes (russes, par exemple) ont su (ou savent encore…) répandre leurs vérités au-delà de leur temple idéologique du Kremlin. D’ailleurs, Lénine est un des premiers hautdirigeants à avoir utilisé ce média, à l’époque émergeant.
10Serge Tchakhotine (élève de Pavlov) a su analyser les effets d’une communication systématique persuasive. Dans la conception de la propagande de Tchakhotine, il s’agit d’élaborer un message « idéologiquement formaté » mettant en relation le procédé (radio, cinéma, presse, aujourd’hui Internet) et le destinataire (la cible du message). Ses travaux font état de deux types de propagande. L’une par persuasion, à l’attention des militants, et l’autre par suggestion, à l’attention de la masse. Le terme de suggestion renvoie explicitement à l’hypnose que les psycho-analystes connaissent bien. Il s’agit d’un état dans lequel on plongerait les masses grâce à la capacité persuasive de certaines voix radiophoniques.
e récentes recherches sur l’influence du « média radio » (Cold war broadcasting impact, International Center for Scholars at Stanford University, October 13-16, 2004) sont de nature à livrer de plus amples informations sur son aptitude à créer le « façonnage », le « prêt à penser », donc un changement d’attitude à l’échelle d’une population. Ces recherches font état des cas de Radio Free Europe et de Radio Liberty. Il est démontré qu’elles ont été (avec d’autres radios de l’Ouest) des instruments efficaces au service de la politique occidentale pendant la Guerre Froide. On attribue à ces radios un rôle déterminant dans l’effondrement du bloc soviétique. Beaucoup d’Européens de l’est et de démocrates russes confirment les paroles de Vaclav Havel : « Notre société adresse à Radio Free Europe toute sa gratitude pour le rôle qu’elle a joué ». D’ailleurs, Alan Heil, (ancien directeur adjoint de Voice of America) a dit à propos de Radio Free Europe et de Radio Liberty lors de cette conférence : « Les émissions de l’Ouest ont ouvert un canal alternatif pour le flux des informations et des idées nouvelles, mettant fin au monopole de la propagande du Parti Soviétique. » Ce qui n’est pas sans nous alerter sur des menaces de propagande de masse toujours possibles, n’oublions pas que plus de 81,5% des Français écoutent la radio… plus de 2 heures et 55 minutes par jour (Médiamétrie novembre-décembre 2009).
Au cœur de la radio, il y a la voix des speakers. Cette voix que l’on écoute et parfois que l’on entend, a la faculté de faire naître en nous, en quelques secondes, des émotions.
15Les effets (para-verbaux) de la voix à la radio n’étaient plus étudiés depuis quatre-vingts ans. Par la meilleure compréhension des effets para-verbaux de la voix radiophonique, nous avons montré dans une étude qu’il existe un attrait global pour un certain type de voix radiophonique susceptible de prédisposer les auditeurs à une écoute forte, capable de conduire à un risque d’influence « non consciente ». Ce qui fait de la radio une « arme » plus intéressante, plus persuasive, plus amicale, et moins contraignante que ne l’est la presse écrite. En cela, la radio est économiquement cognitive, c’est-à-dire qu’elle demande peu d’effort de compréhension ; on l’écoute en se laissant bercer… La valeur de l’émotion provoquée chez l’auditeur par certains types de voix, renseigne sur ce qu’il préfère écouter. C’est pourquoi la radio utilise des voix désignées comme persuasives. Nous n’irons pas jusqu’à accréditer la thèse de Lasswell et de son modèle hypodermique (bien que ce concept soit utilisé dans le cadre des radios clandestines qui soutiennent souvent les opérations militaires) à des fins de propagande. Mais nous n’oublierons pas que radio et guerre psychologique se sont fortement développées, non sans succès, depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les effets peuvent être qualifiés par certains auditeurs d’hypnotiques ; certaines voix pourraient agir subliminalement. L’induction post-hypnotique a été utilisée pour charger des individus en phase d’éveil, afin d’obtenir des comportements souhaités ou d’obtenir de nouvelles attitudes. Il serait plus adapté, pour la voix radiophonique, de parler de conditionnement et de transfert d’affectif.
Pour argumenter son positionnement géopolitique, l’armée des Etats-Unis conserve cette « tradition » de radio d’action psychologique. Le film Good Morning Vietnam illustre partiellement ce que peut être ce type de radio et l’action psychologique menée en vue d’améliorer le moral des troupes.
17L’action psychologique a plus d’une facette et les retours d’expériences ne manquent pas depuis 1935.
18Par exemple, en Corée du Sud, une station d’émission s’est installée dans l’ambassade américaine de Séoul, le 4 octobre 1943.
19On considère que c’est dans les années 1960 avec la Guerre du Viêt-Nam que radio et opération psychologique politico-militaire ont vraiment convergé, le président Kennedy étant un partisan d’une « guerre non conventionnelle ». Selon des historiens, les Etats-Unis ont dépensé 1,5 millions de dollars pour augmenter le nombre des stations d’émission dans le Sud Viêt-Nam.
20En 1983, l’intervention militaire américaine implante Radio Grenade Libre, à Grenade, Radio Liberacion au Panama (1988-90). Pendant la Guerre du Golfe (1990-91), la Voix du Golfe est une radio clandestine (US) si efficace qu’on pense qu’environ 87 000 soldats irakiens se seraient rendus. En Somalie (1992-93) Radio Rajo est fondée par les américains. En Haïti (1994) Radio Démocrate (US) diffuse des émissions pendant que des événements politiques secouent le pays. Enfin, Radio Free Afghanistan, qui est une station de radio diffusée en Afghanistan et financée par les gouvernements américains et afghans, n’en est pas moins une extension de Radio Free Europe, radio qui connaît deux périodes « éditoriales ». La première s’étend de 1985 à 1993 durant laquelle elle diffuse des messages antisoviétiques pour encourager la population à résister à l’invasion russe. Ressuscitée en 2002 avec Radio Free Afghanistan, elle encourage la transition vers un gouvernement… démocratique.
Liens divers https://www.persee.fr/doc/reso_0751-7971_1992_num_10_53_1970
En Anglais
https://www.dxing.com/clandest.htm
Selon Andrew Yoder, auteur de plusieurs ouvrages sur les radios pirates et radio-amateur luimême, les radios clandestines, également appelées “radios de guérilla” sont des “radical, politically motivated radio stations that are usually operated by an opposing government or as the voice of a revolutionary group” (Pirate 3). Les universitaires américains Lawrence Soley et John S. Nichols confirment cette acception du terme en assignant aux radios clandestines une stricte fonction d’information et de propagande (ou, plus exactement, de contre-information et de contre-propagande) dans un contexte politicomilitaire insurrectionnel ou dans le cadre d’un mouvement de résistance à un régime en place de type autoritaire (4).8 Certes, un nombre non négligeable de radios libres françaises de la période 1977-1981 se réclament d’une idéologie politique révolutionnaire et se définissent dans leur opposition et leur résistance à un gouvernement considéré comme oppresseur. Toutefois, ces stations ne sont représentatives que d’un sous-courant du mouvement des radios libres. En outre, il paraît difficile d’établir un parallèle entre la France de Giscard et Cuba du temps de Batista ou le régime soviétique des années de guerre froide.
Propagande noire, propagande blanche, propagande grise
5 novembre 2012 § Poster un commentaire
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